"La Leçon d'un Abandon" par Thierry Berard

"La Leçon d'un Abandon"

Qui aurait pu penser que la course à pied puisse conduire à l'écriture, à la réflexion.

Il faut reconnaître qu'après une épreuve d'Ultra, et pendant d'ailleurs, on a le temps de gamberger sur tout et d'analyser nos réflexion et nos états d'âme, à partir de là, il suffit d'écrire pour partager.

"Mon corps livre un combat contre ma tête; si le corps gagne j'abandonne, si ma tête gagne je vais au bout".

Ces quelques lignes résument une situation; et il faut vivre un échec pour comprendre.

Lorsque le choix est devant soi, entre se poser et retrouver un confort ou se battre à nouveau et vivre une épreuve difficile ; il faut puiser la volonté d'imaginer le positif et de visualiser ce pourquoi l'on se bat.

Il faut revivre les moments de préparation, les sacrifices, s'imaginer franchissant la ligne d'arrivée en compagnie de nos proches, pleurer de joie, d'émotion et de fierté, pour gagner le combat.

Est-ce égocentrique comme comportement ? Je ne pense pas;c'est l'autre côté de ce beau sport, la difficulté physique qui conduit à l'intellect.

De cette expérience, j'ai appris que parfois la tête dit aux jambes de s'arrêter pour préserver le corps, ou par manque de volonté.

L'échec est d'autant plus cuisant que mon corps commençait à s'habituer à cette nourriture qui nous empoisonne petit à petit, que l'on apprécie au début mais que l'on ne supporte plus après quelques heures d'effort.

(Une bénévole m'a fait la réflexion sur le fait que je mangeais bien et je me suis surpris à dévorer pain - fromage et viande séchée à Arnuva).

L'échec est d'autant plus difficile que je n'éprouve aucune douleur aux jambes après plus de 23 heures de course.

Mon corps était capable, mais ma tête n'a pas voulu m'offrir ce beau cadeau;
au-delà du titre de finisher , la joie de passer la ligne d'arrivée !!!!

"L'Abandon, un mal pour un bien"

Et oui, maintenant il faut construire et se dire que la prochaine fois, le passage de la ligne n'en sera que plus fort et plus émouvant.

J'ai compris également que l'entourage et nos supporters sont les meilleurs garants pour traiter nos maux de tête.

La victoire est une affaire d'équipe, malgré les grands moments de solitude du coureur.

Et ceci me conduit à poser le problème des accompagnants qui vivent la course mais qui ne vivent pas l'émotion et la reconnaissance de l'arrivée.

N'y a t-il pas de la frustration ?

Merci à vous tous, car l'autre école de cette expérience, c'est l'esprit de groupe.

Malgré quelques petits accrocs inévitables qui ternissent parfois l'esprit de notre club, je dois dire que certaines sincérités dans le réconfort sont aussi émouvantes que le passage de la ligne d'arrivée.

Merci à Jean Marc que j'ai embrassé pour la première fois.
Merci à Isabelle qui m'a accroché le bras pour suivre Dom et Hervé.
Merci à Nelly qui a fondu en larmes de culpabilité.
Merci à vous tous pour votre aide et votre sincérité.
Ça fait chaud au coeur de croiser des tenues de féroce aux Houches ou sur les pentes du Bonhomme.

Que cette expérience contribue à nous surpasser dans un autre combat, celui de l'unité et du respect d'autrui.

RESPECT et TOLERANCE pour un monde meilleur.