UN WEEK-END ..DE FEROCES par Jean-Marc :

Vendredi 29 Août, depuis le temps qu’on l’attendait… le voici enfin. 6H3O, les féroces embarquent direction Chamonix. Dom n’est pas en retard, Hervé n’a (presque) plus mal, Thierry B est prêt à en baver, Daniel a déjà les temps en tête et moi , je suis impatient… On est tous dans notre course . On se retrouve vite en tenue sur le premier parking obligatoire de Cham. Direction les dossards… La vérification des sacs et les formalités indispensables sont assez vite réglées, il me semble que la cohue , ça devait être hier soir, enfin tant mieux, ça nous évite de piétiner… Le temps de se préparer et nous voilà partis en bus pour Courmayeur. On en profite tous pour peaufiner les derniers réglages (alimentaires). Dom nous sort une dernière trouvaille un peu verdâtre et pâteuse mais qu’il a l’air d’apprécier. Thierry avale un vrai casse-dalle savoyard…Hervé nous aurait bien servi un petit rouge comme a son habitude, mais ça faisait pas trop sérieux. Daniel croque avec appétit dans son gâteau sport et j’essaie d’avaler un dernier bout de cake. On débarque à Courmayeur… l’ambiance et le soleil commencent à chauffer. On retrouve Thierry E et Véro qui étaient partis la veille. On rejoint la ligne de départ, après avoir déposé nos sacs. La foule est de plus en plus dense. La pression monte Dom Hervé et les Thierry restent un peu à l’ombre, tandis que je rejoint Daniel (déjà dans la course) un peu plus loin sur la ligne … 10H30, le pouls s’accélère on écoute avec fébrilité l’hymne officiel de l’UTMB qui passe en boucle… Les 3 hymnes nationaux (Suisse, Italie, France) ne font pas baisser la pression… Les gorges commencent a se nouer. Le speaker nous présente un jeune coureur qui va faire la course avec le dossard d’un copain décédé en montagne la semaine passée… J’essaie de me cacher mais les larmes sont là… et toujours « les chariots de feu » qui nous prend les tripes… … les minutes s’égrainent…Zut j’ai oublié de souhaiter une bonne course aux copains… J’essaie de me retourner pour les apercevoir… trop de monde… Je leur souhaite en pensée, encore quelques mots banals avec Daniel qui est aussi ému que moi. C’est un moment magique que nous vivons… Le compte à rebours des dernières secondes est fait par tous les coureurs. 11 H l’émotion est au comble. Ca y est, les fauves sont lâchés… La rue qui s’étire devant nous est déjà noire de coureurs, pourtant, on avait l’impression d’être bien placés. Enfin, on a le temps de remonter. Un coup d'oeil avec Daniel « ça va ?» : « ça va ! ». Je le sent sur motivé. Je vais en baver si je peux rester un moment avec lui. En filant sur Planpincieux on a déjà remonté pas mal de monde. Il fait très chaud. Les montagnes sont super belles… Sur le sentier de Bertone, je pense à Hervé G, à la reco, on y était monté aussi plein pot début Août… Daniel double toujours et je reste dans son sillage ça à l’air d’aller. On arrive à Bertone km 12 où l’on doit rejoindre le refuge en contrebas pour le pointage. Ca va pas trop de monde, un gobelet de coca et c’est reparti. En remontant sur la butte on croise ceux qui descendent au refuge. Je devine le bob de Dom… même pas le temps de lui faire signe et nous voilà déjà sur l’arête des Monts de Saxe… L’hélico est tout près de nous et le vent de ses pales nous donne un peu de fraicheur. On est bien. Petit à petit on remonte la file qui s’étire de plus en plus. Les aiguilles à gauche sont sublimes. Avec le beau temps et ce paysage, on croit rêver. On devine le Mt Dolent majestueux, toujours ce paysage superbe… Ca va j’ai les bonnes jambes. Au sommet de la tête de la Tronche on est toujours ensemble. J’ai le moral… dans la plongée poussiéreuse vers le Col Sapin, on passe au moins 10 personnes, ça motive… Un petit pipi dans la nature et on file sur Bonati. Je fais la longue descente en imitant Daniel et Bonati arrive plus vite que prévu… Deux gobelets de coca, 2 ou 3 barres, on fait le plein du camel… 5 minutes maxi et le regard de Daniel m’indique qu’il faut y aller. « On va faire un grand truc » me dit-il « il faut qu’on soit à Champex à 19 H et on y sera ».Une complicité s’est installée… les longs discours restent inutiles…ses yeux brillent quand il parle de ses enfants…ou quand il sort le gobelet de son fils aux ravitos...ce sont ces détails qui nous permettent de tenir… Une longue traversée un peu montante et on replonge sur Arnuva. Je pense aux copains Thierry B, Thierry E, Dom, Hervé B et son manque de longues sorties, son mal de genoux, ses douleurs au dos mais je sais que c’est un solide… Avant d’arriver au ravito on entend la clameur qui monte la pente. Une foule bruyante attend les concurrents, ça fait chaud au cœur… Les frissons reviennent malgré la chaleur… Une soupe aux vermicelles me paraît sympa, je l’avale rapido… 2 poignées de raisins, du coca et hop pas trop le temps de trainer. « 19 H à Champex » qu’il a dit. Direction Gd Col Ferret mais la soupe ne veut pas passer… J’ai du mal... Je fais signe à Daniel d’y aller mais il insiste et m’encourage toute la montée… INTERMINABLE. « ça va revenir ». J’en chie un max… La tête tourne et les crampes arrivent déjà aux mollets… Je pense un peu à l’abandon. Mais dans ma souffrance, je vois des gens qui sont pire que moi, alors j’insiste… Il est 16 H au sommet et les encouragements de Véro me redonnent le moral. (Elle a fait toute la montée à pied pour nous soutenir en haut !) J’essaie d’y croire… J’enlève mes chaussettes qui me serrent, peut-être que les crampes venaient de ça… On verra. Dans la descente sur la Fouly j’ai toujours les crampes mais je m’accroche. Daniel m’attend et je ne doit pas le décevoir. Il me donne un comprimé à l’arnica et me convint que ça va passer. C’est peut-être dans la tête mais au bout d’un moment ça va mieux. Je peux courir presque normalement. On passe la Fouly sans encombre et sans trainer surtout ! et nous voilà direction Praz de fort. On fait un bon bout de route avec une petite réunionnaise sympathique (5éme femme à l’arrivée). Un petit ravito improvisé par 4 enfants nous fait chaud au cœur. On boit un coup pour leur faire plaisir et direction Champex. Dans la montée les crampes reviennent, je serre toujours les dents. Je pense à Hervé qui doit être sur le point d’entamer sa galère. Normalement à Champex il y a du monde qu’on connaît. A 19 H pile, comme prévu, ( c’est un sage le Daniel) on arrive à la station. Je vois Jean-Pierre et puis Véro qui vont faire toute la nuit. Surprise ! je vois Dom en tenue de course (un peu juste dans le Gd Col Ferret lui aussi, il a arrêté à la Fouly, il s’en mordra les doigts plus tard !) On s’arrête un quart d’heure le temps de se relaxer. Dom s’occupe de nous comme un père. On repart donc assez vite direction Bovine (en traversant Champex, on passe devant le resto où l’on avait mangé à la reco, avec toute l’équipe début Aôut. Encore des souvenirs ! Et la serveuse nous reconnait et nous salue… Sympa ! On fait la montée de jour, comme prévu on met la frontale en haut puis plongée sur la ForclazNoëlle et Josette qui nous avaient raté à Champex sont là avec Dom. On s’arrête 2 minutes et on les retrouvera à Trient. Un peu plus bas, c’est là que je retrouve le moral. L’accueil de la population sous la tente est fantastique … Et puis Noëlle, Josette et Dom sont là, on parle un peu, on se ravitaille et puis Alexandre qui suit comme beaucoup notre progression sur le NET à téléphoné à Noëlle pour lui dire que j’étais 3éme vétéran 2 et qu’on était dans les 100 premiers au scratch… Inespéré… Rien de tel pour me requinquer… Et nous voilà déjà reparti. Cette fois j’ai la rage mais toujours des poteaux à la place des jambes… Les montées deviennent un régal mais les descentes restent mon chemin de croix. Daniel me pousse toujours. Il n’aura pas arrêté de me soutenir. Si je veux rester sur le podium, c’est pour lui, pour Hervé qui sera fier de nous et pour tous les féroces qui en bavent aussi. On traverse Catogne puis la frontière Franco-Suisse aux Esserts, la descente sur Vallorcine est terrible, les cuisses me font souffrir et une ampoule sous le pied droit rend mes pas encore plus hésitants. On devine les lumières de Vallorcine et comme souvent sur le parcours une frontale se présente en face de nous je dis bonjour naturellement et la personne se met à rigoler c’est Alexandre mon fils qui vient nous accompagner un petit bout… Ca me fait chaud au cœur, il est minuit passé. Au ravito de Vallorcine Noëlle , Josette, Dom et Jean-Pierre sont toujours là… Pour eux aussi je ne doit pas baisser les bras, ils sont restés toute la nuit pour nous soutenir. Alexandre nous accompagne jusqu’au Col des Montets… On reste bien unis et motivés et on gagne toujours des places… Il est 1 H 30 et on attaque La Tête aux Vents. On ne reverra plus nos supporters jusqu’à l’arrivée, dans 2 H 30 (normalement). Jusqu’au sommet on fait le train et personne ne nous a suivi. Mais la dernière heure sera terrible. Daniel qui avait des fourmis s’en va dans la descente, il gagnera 20 places chapeau et MERCI Monsieur BIOLLAZ… En s’en allant il me crie encore de m’accrocher jusqu’au bout. Je vois sa frontale qui s’éloigne petit à petit… Chaque pas est un calvaire. On passe la Flégère. La descente du chemin est terrible je ne peux plus lever les pieds… Je trébuche souvent et la chute attendue arrive après le passage de la Floria . Plus de peur que de mal, les mains écorchées je fini à l’énergie. Et au bout d’une longue ligne droite en sous bois , je vois les lumières orangées des rues de Chamonix… Dernier kilomètre… Les rues vides... Quelques promeneurs et la ligne enfin, épuisé mais heureux… La même impression qu’au départ, les larmes aux bords des yeux, le sentiment d’avoir fait un truc .
A refaire
Merci à ma famille
Merci à tous ceux qui nous ont encouragé et supporté au milieu de la nuit ou de leur domicile.
Pour DANIEL , HERVE G, THIERRY E , HERVE B , THIERRY B , DOM qui sont allés au bout de la souffrance.
Jean Marc

LE WEEK-END - UTMB 2008 - Récit par Hervé G



Départ,
Il est bientôt 18h00 ce vendredi 29 Aôut, il est temps de gagner la ligne de départ, dernières embrassades à Isa, Laurent et Marie et il faut y aller.

Je me trouve à environ 100m de la ligne, un peu comme l'année dernière, appliquont les recettes qui ont bien fonctionnés.

La musique commence à bien donner et même si on la connait par coeur, ça fonctionne toujours, les émotions des années précédentes reviennent, je pense aux Féroces en plein effort sur la CCC, eux aussi doivent y penser.

Les minutes s'égrènent, les regards se croisent, intimidés, mais content d'être sur cette ligne, c'est déja une première victoire que d'avoir pu participer vu le délire le jour de l'inscription, chacun sent bien que l'échéance approche avec tout ce que cela comporte et que ce week-end ne va pas être comme les tous autres, unique et long, très long. La musique monte encore ( 1492 Christophe Colomb ) et les poils des bras montent aussi, c'est vraiment super d'être la, tous ensembles pour faire un gros truc, on sent que ça approche, ça monte ça monte et pan c'est parti.

Premières foulées, dans le feu de l'action ,
Enfin c'est parti, oui pour les premiers, car pour nous ça bouchonne un peu, mais on savoure la ferveur du public, le moment présent, je pense à tout ceux qui vont me suivre rivés devant leur PC, aux copains qui courent, à Pierre, Chantale, à ma famille, à celle d'Isa, à mes 3 accompagnateurs qui m'attendent juste après le virage, et qui vont se magner de rejoindre les Houches, ensuite St-Gervais et ils y ajouteront Contamines avant de me retrouver demain matin à Courmayeur.

Le départ à l'UTMB c'est vraiment la fête, on en profite, on en use et en abuse jusqu'aux Houches et St-Gervais et pour cette année aussi jusqu'a Contamines ensuite ça se calme, mais il y a toujours du monde sur le parcours jusqu'au dimanche soir, chapeau aux bénévoles et au public.

Par contre il faut se gaffer de ne pas se griller les ailes à ce petit jeu, il faut quand même rester concentré, chaque foulée réalisée peut être aussi la dernière.

Je reste sage et profite du moment présent, un petit bonjour à Guillemette aux Gaillands et le chemin se poursuit rythmé par le passage de l'hélico qui prépare les futures images du DVD.

Voila les Houches qui arrive, Patrick et Aline sont la, Isa Laurent et Marie se sont payés le tee-shirt de la course, ah les fourbes ils brouillent déja les cartes, bon je déconne un peu avec eux, je snobe le premier ravito et bientôt la premiere montée, Col de Voza, un petit bonjour à Fabrice et Nico (sympa d'être la les gars), et c'est parti pour la montée, pas de panique ( quand je pense que les premiers arrivent à courir déja ici et qu'ils vont continuer sur le même rythme tout le long ...). chacun prend son rythme de croisière, ça grignote, ça boit (1 gorgée tous les 1/4 h ), voila notre occupation de ce week-end, ça tombe bien je n'avais que ça à faire. Ca monte bien, les sensations sont la, ça va.

Première nuit,
Sommet du Col de Voza, on prend à droite pour arriver aux Charmes, ensuite ce sera la descente sur St-Gervais, la nuit arrive, le temps est magnifique et le coucher de soleil sur les Domes de Miage est terrible, c'est super beau on est bien.

On approche de Saint-Gervais, cette descente est longue, dure, on passe de 1800m à 807m en 6 kms, je n'ai par encore mis la frontale et c'est un peu chaud, on entend maintenant la clameur du public et le speaker, ça fait du bien de reprendre un bain de foule avant de continuer cette première nuit.

Le passage dans St-Gervais est super, que de monde, que d'acclamations, les cloches, les cris, de nouveau les poils qui se hérissent, c'est beau.

Je retrouve Isa, Laurent et Marie qui sortent du resto peinard, je fais encore un peu le con, histoire de me donner un peu d'assurance, je les rassurent " ouais ça va super bien ", " super tu as 3/4 h d'avance sur ton planning de 40h prévi ", Ouais d'accord mais mollo, mollo j'ai encore en rappel mon passage en 2006 ou aussi tout allait super bien ... Allez bisous, ravito et rebisous et faut décoller, l'ambiance est super, mais il reste quand même un petit bout de route.

Premières désillusions,
La liaison entre St-Gervais et Contamines est à faire, point, mais tout le monde attend Notre-Dame de la Gorge ( km 33 ) et le début du Bonhomme (2433 m), on approche de Contamines, c'est pas terrible, terrible, je m'arrête dans un sous-bois pour une pause technique, mais c'est pas géant, je suis un peu faible ( trop mangé ou pas assez, je n'en sais rien, pas de sensations pour me repérer), l'arrivée aux Contamines ou mes 3 suiveurs sont la, leur montre un visage creusé, peu engageant, enfin on rentre ensemble dans le village, ravito, rebisous, les Virlouvet sont souriants (comme toujours d'ailleurs ), mais moi je sens bien que je commence à taper dans le dur, bref je pars dans la nuit pour la seconde ascension et non pas la moindre.

Je retrouve juste après Patrick et Aline qui m'attende, il me force à courir, ce que je fais d'ailleurs ( pas chiant le gars ), ils me laisse je cours encore jusqu'a la montée du Bonhomme, ou la d'un seul coup ça calme, allez savoir pourquoi.

Chacun s'installe dans son rythme, cherche un second souffle, et attend que cela se passe en attendant le refuge de la Balme (km 38) ou un ravito salutaire est proposé juste avant de taper dans le Bonhomme.

Le ravito est la, mais aie aie, ça va pas être dur, j'ai un poids dans l'estomac que je ne connais que trop, je ne cherche même pas à comprendre (l'expérience ça aide) et me force à vomir, ce que je fais consciensement, en 5 spasmes c'est vidé.

Eh bien je vois que tout cela s'annonce très bien, l'année dernière c'était au km 50 aux Chapieux et cette année à Balme, c'est bien on est en pleine amélioration, ça promet de la galère à venir.

La galère commence
Je prends quand même une soupe vermicelle et un thé, j'y vais mollo ce n'est pas le moment de détraquer encore plus la bête, et je repars, je fais gaffe dans la montée, il faut garder le peu de jus qu'il me reste, je pense à tout ceux qui me suive, je sors ton mon stock de Sophro, de pensée positive, de "Ici et Maintenant" que ça se passe, positiver un maximum, sortir la pierre fétiche, enfin j'essaye tout, mais j'évite surtout de me projeter à samedi nuit ou dimanche matin, mon prochain objectif c'est les Chapieux, pour me refaire une santé, après on verra, tient justement en parlant de santé je viens de passer le Bonhomme et j'arrive à la Croix du Bonhomme, et bien j'en profite pour tout vomir ce que j'avais eu du mal à avaler dans la montée, super ça continue.

Il est clair que cela ne va pas être une promenade de santé et que le premier objectif va être ralier Courmayeur afin de se refaire une santé. Je descends sur les Chapieux, dés que je vomis je suis ensuite avec de bonnes sensations, bien sur elles ne sont qu'éphèmères, mais il n'empeche que cela fait plaisir.

La galère continue
Arrivée aux Chapieux, je ne perds pas de temps à m'alimenter, je sais que dans mon état c'est peine perdue, je cherche direct une salle de repos, je la trouve et l'investis, je pique quand même les 2 dernières compotes sur la bar, on ne sait jamais, après le dodo. Je demande au pompier de surveillance " pour moi c'est 30 min, merci, pas plus fait pas le con" .

Je m'allonge, putain ce que cela fait du bien mais que cela est court, je ressors encore tout mon stock de pensée positive, de sophro, de vision optimiste, je pense à vous tous, merde c'est quand pas le moment de lacher ici (km 49 ). 30 min plus tard j'ouvre mes 2 compotes j'en ais envie et ça passe, je me reprépare et sort, ç'est dur il fait froid ( il est 3h00 du mat), et retourne sous la tente du ravito " merde la soupe à des morceaux et n'a pas de vermicelles, je crois que je pourrais pas ", je me venge alors sur diverses conneries, toujours y aller mollo, faudrait quand même pas brusquer la bête.
Attaque de la montée sur la Ville des Glaciers et du Col de la Seigne toujours aussi interminable, je suis faible mais j'avance avec comme seul objectif de passer la Seigne, après on verra, et j'ai vu, enfin j'ai vu surtout le sol car rebelote, mon organisme est quand même joueur, je n'avais plus rien à vomir et bien lui il en a encore trouvé, bon ça c'est fait.
Ben je continue tel un bourrin moyen, prochaine étape ravito à Elisabetta ( km 66 ).

L'année dernière, j'avais eu le déclic à cet endroit alors j'y crois aussi pour cette année, justement j'y arrive et m'engouffre sous la tente médicale, bonjour messieurs c'est plein d'éclopés et d'abandons ici, je me trouve un lit, j'explique mes problèmes au médecin qui me donne un cachet, 30 min de dodo et je me bouge vite car je n'ai pas envie de finir ici.
Au revoir messieurs, je vais faire une petite sortie de décrassage... 2 soupes plus tard je file, le soleil commence à se lever, ce coin est toujours aussi beau, un hélico italien nous survole, je lève les bras c'est quand même plus joli que d'être à 4 pattes.
Lac Combal, ça c'est fait, aie l'Arête du Mont-Favre (2435 m) celle-la je la crains aussi, il est 8h30, le soleil perce et ça chauffe de suite, tout le monde s'arrête et se change.
Les sensations sont diffèrentes avec le jour revenu, on double un groupe de japonais , bonjour, alligato, hello, good morning et oui on a beau être cuit on en conserve pas moins sa culture... je suis content d'en être la, bientôt on va se laisser descendre sur Courmayeur (km 76), enfin laisser descendre faudra courrir oui ( 1300 m - quand même ).
Je ne sais pas comment mon organisme arrive à courir avec le peu que j'ai avalé, mais ça avance quand même, par contre les talons sont eux déja au bout du rouleau, au début j'avais les pieds mais pas le ventre maintenant ça va être l'inverse, quel week-end.
Courmayeur n'arrive pas vite certes mais arrive quand même, la chaleur aussi arrive et y en aussi 3 qui arrivent au bout du champ, Isa est soucieuse, Laurent filme et Marie sourie et moi je fais quand même un peu la gueule. Ils ont bien compris par les chronos et mon allure que je suis dans le dur, mais personne n'aborde trop le sujet, c'est bien, l'abandon n'est pas non plus évoqué alors je ferme ma gueule. Je récupère mon sac.
La résurrection
Nous restons un bout de temps ensembles mais j'ai besoin de repos et comme il ne peuvent pas entrer avec moi, ils repartent sur Cham " Allez à demain matin à Cham" , "oui oui sans faute".
Auparavant je m'allonge encore 30 min sur un tapis, je suis faible mais j'y crois, il reste encore 90 km mais si je peux manger c'est OK, je l'ais bien fait l'année dernière et si j'avais opéré de même en 2006 je serais allé au bout.
Allez debout, maintenant c'est l'épreuve de la nourriture, c'est vital sinon point de salut, alors je prends mon temps, mastique, déglutie ces grosses nouilles ( pourquoi ils ne donnent pas des coquillettes ??), l'assiette se vide tout doucement, je bois pour faire passer le tout, une petite compote, un petit soin de pieds ( quand je les voient ceux-la je sens que ça être terrible ), 90 kms avec l'impossibilité de poser les talons à chaque foulée, je vais devoir encore courrir sur l'avant du pied.
Il est 13h00, je pars, sous le soleil avec un groupe de parisiens, c'est sympa on discute et je commence à y croire. J'y crois d'autant mieux que la montée de Bertone ( 1969 m donc 800 m + ) se passe super bien, le repas a fait son oeuvre et le jus est la, je mets le clignotant est c'est parti comme en 2007, à ce moment je sais que c'est OK, d'accord il me restait alors encore presque 20 h de course, mais plus de doutes possibles j'allais le faire.

Gestion avant tout

Arrivée à Bertone, je prends du coca alors que généralement je le rejette, bref je ne cherche pas à comprendre, encore une petite soupe, retrouve mon copain de finish 2007 Pannisset.
Je ne m'attarde pas plus, j'ai assez perdu de temps cette nuit, j'en profite et file. Cet endroit est toujours aussi magnifique, c'est vraiment le plus beau paysage du tour, à l'envers des Grandes Jorasses.

Refuge Bonatti : OK

Arnuva : OK , 2 cocas, une soupe, une barre et nous sommes devant le Grand Col Ferret ( je mets des majuscules par respect et pour ne pas le facher on ne sait jamais), c'est le dernier gros poids lourd de la série ( 2537 m - 98 km ), ensuite pour moi c'est joué. Finisher 2008 après ce que j'en ai bavé, je suis super content, il y a belle lurette que j'ai mis le chrono aux oubliettes et maintenent je savoure le Tour, osmose de l'Homme et la Montagne, dépassement gratuit de soi uniquement pour la beauté du geste, satisfaction de faire un grand truc pour rien, enfin pas pour rien, d'abord pour faire plaisir à tous ceux qui croient enn moi et ensuite pour l'accueil que le public réserve aux Finishers et pour ce moment fabuleux à vivre, beaucoup de la magie est la aussi.
Serein dans la gestion

Ensuite tout se passe comme je l'avais prévu, le ravito à la Fouly, les 20 kms qui séparent de Champex en courrant, la montée de Champex. Champex ( 1477 m - 123 kms ), seconde base vie, généralement ici c'est plein de finishers, on m'annonce qu'il n'y a pour l'instant que 850 arrivants et que nous ne devrions être au final que 1150 personnes au départ de Champex. Que d'abandon c'est énorme...

Encore 30 min de sommeil, un repas et un petit soin de pied, soit 1h30 d'arrêt, il reste 2400 m +, en 3 montées dont Bovines mais moi j'attends la dernière la Flégère qui va faire très mal ( enfin qui devait me faire très mal ).

- Bovines : en moins de 55 min super sans problèmes.

- Trient : il est 6h30 du mat, je vais la faire de jour, c'est bien, un ravito en bas et c'est parti, idem très bon temps de montée, bonnes sensations, je savoure et prends du plaisir même si je sais que vu mes pieds la descente sur Vallorcines va être épouvantable, en fait elle sera super, je m'etais mis dans la tête que je ne pouvais pas courir en descente vu la douleur aux pieds, et bien si si, je pouvais et je m'en saoule, je dévale sur Vallorcines mieux qu'a l'entraînement et arrive au ravito en courrant à 8h30 comme l'année dernière.

Je suis super heureux d'être dans une forme pareille pour le final que j'avais tant redouté ( trop redouté peut-être???). Encore une petite soupe et un coca, un peu de solide j'en profite puisque que maintenant il accepte tout, et je file.
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L'apothéose

Je retrouve sur le chemin du Col des Montets ( 1461 m - km 152 ) Véro et Thierry Escudero, on est tous content, lui aussi à bien fini à la CCC, embrassades et Véro continue avec moi, Thierry va s'occuper d'un copain. Voila maintenant on est au Col des Montets, il reste 14 kms et 800 m+.

Nous sommes un petit groupe et je me mets devant pour le tempo, enfin je l'imprime pas longtemps juste 5 min car 2 équipes de la Petite Trotte à Léon ( 220 kms - 17000 m + en équipe de 3 indissociables ) nous doublent, et vous me connaissez, un réflexe de Féroce j'emboite le pas, je m'accroche, ça monte comme des avions ( ils sortaient de 6h de repos), je n'en crois pas mes yeux ni mon coeur d'ailleurs qui en redemande, "t'en veux tiens en voila", le téléphonne sonne c'est Dom et Jean-Marc " t'es ou on arrive en voiture au Col des Montets", les mecs je peux pas je suis à fond à tout à l'heure, derrière c'est la débandade et ça continue comme ça jusqu'a la Tête aux Vents (2130 m), je galope comme un lapin, comme à l'entrainement, je n'y crois pas mais j'en profite, je change 2 ou 3 ampoules de clignotants à gauche, je pointe et amorce la descente sur Cham, Dom me rejoins peu après et nous ferons la descente ensemble.

Je suis quand même sur le cul de cette fraicheur alors que j'ai tant ramé au début, le corps a vraiment des réserves énrormes.

LE FINAL

Ensuite tout n'est que bonheur et plaisir, l'arrivée sur Cham, le final de l'UTMB est quand même unique en émotion, il represente pour chacun de nous, le sommet de la satisfaction, de pouvoir faire plaisir à toutes les personnes qui nous ont suivies durant les 2 journées nuit et jour, c'est un formidable moment d'échange et de rapprochement et on en sort pas toujours indemne, le plaisir de se dépasser gratuitement pour vous tous, les Virlouvets ( 36 ans sans se voir, ça cause quand même), pour mon Isa, ma Laurie et mon Andy et pour Julie, pour mes beaux-parents à toute la famille d'Isa, à Corinne qui me suit depuis Paris, à ma Mère qui n'est plus la mais qui est fière que je sois allé au bout de mes rêves et à tout les amis qui ont bien voulu prendre un peu de leurs temps pour ma modeste personne, aux Féroces avec qui j'ai un énorme plaisir à être avec vous, de pouvoir partager ensembles de tels moments, merci.

Je vous remercie tous et vous embrassent tous très fort

A l'année prochaine, vous n'espériez quand même pas vous en tirer comme ça.