JOURNAL D’UN SUIVEUR par Stève Pascaud

Voila on y est, ce vendredi 28 août, il est 17H00, Coco, Olive et moi sommes devant l’arche de départ à Chamonix.
Le monde afflux rapidement, à 18H00 je les laisse et me forge un passage dans la foule compacte des coureurs qui se sont installés tout autour de nous.
J’ai sur le dos un sac à dos remplit de leurs affaires de rechange, ainsi que des produits médicamenteux et toute la réserve de barres et gels énergétiques. Le tout surmonté de ma toile de tente et mon tapis isolant.
En ventral, tel un parachutiste, j’ai un petit sac contenant mes affaires personnelles. Poids total 23kg !! Difficile de naviguer dans la foule ainsi chargé, on dirait une tortue !

18H25 la musique est à son comble, le speaker fait monter la pression, le visage de Dawa Sherpa, les yeux fermés, apparait sur le grand écran. L’émotion me submerge, les frissons arrivent et les larmes me montent aux yeux. Mon dieu comme j’aimerais être avec eux, bâtons à la main, prêt à en découdre avec cet ultra.
10-9-8 . . . 3-2-1 . . . c’est partit, les coureurs s’élancent. J’essaye de voir Corine et Olivier, impossible, alors je cours vers une rue adjacente mais le temps de me frayer un chemin et de m’approcher des grilles je les manque de nouveau, flute !
Bon, cette fois-ci c’est bel et bien partit. Je remonte alors vers le point info où j’apprends que le bus ne suit pas tout le parcours dans l’ordre.
Après les Contamines il faut redescendre sur Chamonix et attendre le samedi matin pour prendre le bus vers Courmayeur.
Courmayeur c’est l’étape que je ne dois ABSOLUMENT pas rater. La moitié du parcours, c’est là où ils referont le plein de gels et barres énergétiques et changeront de vêtement.
Courmayeur c’est mon stress, faut pas que je le loupe.

Bon déjà il est trop tard pour prendre le premier bus qui part à 18H50, sachant que les bus démarrent du gymnase ce qui fait un petit bout à pied. Je prendrais donc le suivant direction St Gervais. Je me rends au gymnase, il y a déjà un peu de monde.
Corine et Olive m’ont donné un tableau avec leurs temps de passage estimés à chaque ravito. Pour eux le plus important est que je sois à Courmayeur mais pour moi ça y est je suis lancé, je vais faire un maximum de ravitos. Je m’élance donc dans « l’aventure ».

Le bus arrive, c’est la cohue, on se croirait dans une bouche de métro parisien. Avec mes sacs je ne suis pas avantagé mais je fais le forcing, ouf ça y est, suis dedans.
Je rencontre Véronique Escudero, elle suit sont mari et d’autres féroces, on parle course évidement, le temps passe vite. Elle me fait remarquer que j’aurais pu laisser mon gros sac dans la voiture vu que je retourne à Cham ce soir !! Euhhh …c’est vrai…quel idiot je fais, bah tants pis la tortue est partit pour le weekend avec sa maison sur le dos.

St Gervais, une heure de route, ça bouchonne sec mais c’est bon je suis dans les temps.
Le bus nous pose tout en haut du village, pas cool, je redescends donc au ravito, j’aperçois Corine et Olive, je crie leur nom, ils ne m’entendent pas et s’arrêtent boire un coup au stand.
Je file plus haut, je m’installe au bord de la route, en plein milieu d’un bosquet de fleurs, je ne pourrais pas les louper. Ils passent, j’hurle leur prénom, un regard, un sourire, cool !! C’est 21H11, premier sms de pointage, ils sont en position 501.

Je m’éloigne et croise un collègue de travail. Il me propose une bière, ah non, non !! Je dois rester lucide. Il me propose de me redescendre sur Cham, ah non, non !! Je dois reprendre le bus et filer aux Contamines.
Je suis électrique, très excité, cela l’amuse et il comprend que moi aussi je suis partit dans un « autre monde ».
Je le laisse et me mets à remonter le village en courant, je ne dois pas louper le bus qui part à 21H35. J’arrive à 21H30 et j’apprends qu’il est déjà partit ! Un autre bus stationne avec à son bord un chauffeur pas aimable du tout qui nous ignore complètement. Le temps passe, pas de nouveau bus au environ, je regarde encore mon tableau des heures de passage, je vais les louper, j’enrage. Je m’éloigne un peu et commence à faire du stop, une dame s’arrête je lui explique que je suis des coureurs et qu’il faut que j’aille aux Contamines. C’est ok elle m’emmène, super !!

Arrivé aux Contamines la route est bloquée, elle me laisse à la sortie du village et je remonte à pied. Je me pose au bord du ravito, je suis très bien placé là, je ne vais pas les louper.
22H37 ils arrivent, position 415, le sourire et la fraicheur encore sur le visage, on prend le temps de discuter 2mn avant de se faire houspiller par une bénévole car je ne dois pas être dans cette zone là mais plus loin !
Aller ils repartent, je n’irai pas aux Chapieux car les bénévoles m’ont avertit du peu de bus qui circule et du risque de revenir trop tard sur Cham pour prendre à l’heure la correspondance pour Courmayeur.
Courmayeur, Courmayeur, toujours mon obsession.
Il est presque 23H00 j’ai faim, de la journée je n’ai mangé qu’un sandwich que j’avais préparé, des barres de céréales et 2 bananes. Dans la seule boulangerie ouverte j’achète le dernier sandwich jambon beure que j’avale avec un coca zéro.
Ahhh, je me pose 15mn ça fait du bien !!
Je redescends vers le cimetière, arrêt du bus. J’arrive il part, flute !! Il faut attendre une demi-heure. Dans le bus je discute avec une personne ayant abandonné, et pourtant c’est sa sixième édition, un vieux briscard mais là plus de jambes, plus de jus…
00H07, col de la Balme, position 397.

J’arrive à Cham il est 00H30 ce samedi 30 aout. Je vais poser ma tente vers le gymnase comme ça je serrais tout prêt des bus pour repartir.
Un bénévole me voyant, me propose de m’installer dans le gymnase. Normalement c’est pour les coureurs mais pas de soucis.
A l’intérieur il y a plus d’une centaine de lits presque tous vides.
Je m’installe et règle le réveil sur le portable. Je vais prendre le bus de 6H00, je me programme trois alarmes 5H00, 5H15, 5H30 au cas où si je dors trop profondément.
Dormir tu parles !! Le gymnase est traversé par un courant d’air glacial, je suis caché sous deux couvertures et surtout je suis trop stressé pour m’endormir, trop peur de louper le bus.
Alors je sommenole et suis la course aux rythme de l’arrivée des sms de pointage…

01H37, la Croix du Bonhomme, position 392.
02H28 les Chapieux, position 424 ils reculent un peu mais ils avaient prévu d’y être entre 02H10 et 02H30, cool ils sont bien, ça me rassure.
04H49 Col de Seigne, position 483, je me dis que ça doit tirer sec dans les jambes, je ne suis pas au courant des conditions météo la haut !
05H00 du mat enfin je sors de sous les couvertures et range mes affaires. Le gymnase s’est rempli dans la nuit avec les abandons de la CCC et de l’UTMB.
J’ai dû dormir à peine deux heures, je suis vaseux mais bon, je remets mes sacs sur le dos et c’est repartit.


Je monte dans le bus à 6H00, il est déjà plein a craquer, j’imagine celui de 7HOO.
Je dois être la haut pour 8H00 mais je préfère être en avance on sait jamais.
J’arrive à Courmayeur à 6H40, l’ambiance est très moyenne, la salle d’assistance est spacieuse par contre. J’installe un coin avec deux chaises, leurs sacs d’affaires respectifs, je prépare le deuxième GPS de Corine, je sors les gels et j’attends… Une guinguette dehors me permet d’avaler quelques cafés, c’est déjà ça.

07H13 col Chécrouit, position 389, ouahh ils avancent bien et on bien remonté, suis content.

07H50 ils arrivent à Courmayeur, position 363 super.
Là, les visages sont plus marqués. Cette nuit brouillard, froid et bruîmes, conditions dures, la fatigue est là.
Je leur parle, leur donne leur position, les encourage. Ils décident de ne pas se changer maintenant et file au ravito.
Je les attends à la sortie et les accompagne durant toute la traversée du village et un peu après. J’ai du mal à les laisser même si la grimpé avec le sac me tire un peu sur les épaule.
Dernier encouragements et je redescends, rendez vous aux Champex, peut être La Fouly, si j’y arrive à temps (les gentils organisateurs m’ont déconseillé de tenter l’arrêt à Arnuva, les navettes locales étant plus qu’irrégulières et sans aucune certitude de revenir à Champex pour l’heure).
Je vais à l’arrêt de bus, les chauffeurs ne parle pas français mais en tout cas ne vont pas à Cham. Enfin arrive un bus immatriculé 73, le chauffeur me dit que ce n’est pas ici mais sur un autre parking qu’il faut que j’attende. Là j’en ai marre de Courmayeur, franchement c’est mal indiqué tout cela et les gens sont comme le climat, froid !

Je prends le bus de 9H00 et arrive trois quarts d’heure après à Cham.
Je file au parking du Grepon, je pose dans la voiture la tente et le tapis isolant. Ahh, deux kilos en moins, j’ai l’impression que mon sac est léger !
Je retourne au centre ville, il est 10H45, j’avale deux paninis, j’ai une faim de loup et je vais faire le plein d’eau à la fontaine du centre ville.
Je regarde ma feuille d’horaire du bus, mon dieu le départ pour Champex est à 11H30 et il est 11H23. Je me tape un coup de sang et file en courant vers le gymnase.
Mes épaules sont douloureuses, j’en ai marre de ce sac mais vite, vite, il ne faut absolument pas que je le loupe, je suis juste dans les temps.
De Champex il faut encore que je prenne une navette pour les retrouver à la Fouly. J’arrive juste à temps et m’engouffre dans le bus, rouge comme une pivoine.

De nouveau dans le bus je rencontre d’autres « suiveurs ». A partir de La Fouly se seront à peu prés toujours les mêmes personnes que je croiserais, suivant des coureurs soit devant soit derrière « mes » coureurs.
Il y a une brésilienne, venue tout droit de Rio de Janeiro avec son ami, un couple de cinquantenaire du pays Basque suivant leur fils, une femme de mon âge suivant son mari, un jeune de chez nous vivant cette aventure par le biais de son beau père, et des grands parents pour leur petit fils !!
Oui l’UTMB est une grande aventure mondiale mais aussi intergénérationnelle !
Arrivé à Champex, la navette est là, je m’engouffre dedans et une demie heure après me voici à La Fouly
15H07 arrivée à la Fouly en position 327 ! Corine est ravie de me voir, elle a prié pour que je sois là ! Ses deux baskets sont craquées, vite une nouvelle paire et l’autres à la poubelle (chic 350g en moins) !! On en profite pour regarder les pieds, un strap sur le gros orteil pour protéger une ampoule naissante, le plein de barres et gels, un morceau de gâteau sport avalé, « Allez Olive, hop hop hop on se dépêche de boire le bouillon, on repart !! »
Je les accompagne sur un petit kilomètre et les laisse à l’entrée des sous bois avec encore un pincement au cœur… A tout à l’heure mes amis, courage !!
Bon je retourne sur Champex et vois la navette partir sous mon nez.
10mn après une autre arrive mais le chauffeur me dit qu’il fait sa pause et ne part que dans une demie heure, alors j’attends.
16H30 arrive, « Allez chef on décolle ». Je suis tout seul dans la navette et ce Valaisan de naissance est un vrai guide touristique. Tout au long du parcours il me donnera le nom de chaque montagne, de tous les itinéraires à faire, des anecdotes locales, etc. encore une superbe rencontre !

Champex, arrivé à 17H15, je retrouve le frère et le cousin de Corine avec leur famille, venus encourager nos valeureux trailers.
18H00 ils arrivent, on est descendus à leur rencontre dans les bois, dans cette grande descente qu’ils avalent d’un pas rapide. Surpris, nous nous retrouvons presque à leur courir après, et dire que cela fait bientôt 24H00 qu’ils courent, quelle forme, ils sont en position 315 !
Dans le ravito c’est détente et blagues en tout genre, les accus sont rechargés, on les accompagne tous ensemble un bout de chemin et hop c’est repartit, on se retrouve à Trient dans la nuit.

J’arrive à Trient à 21H00 et là au miracle, il y a dans la zone d’assistance un ravito aussi pour les accompagnants !! Vite, vite, j’achète un ticket et je mange une saucisse de veau avec une salade de pommes de terre.
Ahhh, c’est bon, mon premier repas depuis deux jours… A peine l’assiette terminée je vais en rechercher une deuxième, puis un, deux, trois, café…
22H00 je sors du ravito et commence à remonter la route à leur rencontre.
Je me positionne juste à la sorti du chemin de terre et je guette les frontales balafrant le noir de la nuit…
Brrrr, il ne fait pas chaud, d’un coup je reconnais les voix, c’est eux. Ils arrivent en marchant, je plaisante « Bin alors je m’attendais à vous voir dévaler la pente en courant » accueil froid, ma blague est mal venue, ils sont fatigués, Corine à terriblement mal aux jambes, vite vite trouver le bon mot, celui qui fait du bien, qui réconforte…
Passage au ravito et ils me retrouvent dans la zone d’assistance, peu de paroles, je les rassure, leur rappelle leur position, le fait qu’ils font quelque chose d’énorme, « Faut s’accrocher, c’est super, vous êtes bien là, pas de stress… »
Corine me dit de ne pas venir à Vallorcines, « On est cuit, ça va être trop long pour toi, file te reposer à Cham », moi je dis non, non, non, je continu mon programme.
Je les accompagne un peu, les marches sont terribles à descendre, j’aide Corine qui souffre, puis je les laisse s’échapper dans la nuit…
J’ai envie de leur crier « Je vous aime » ma pudeur m’en empêche et je crie « Je pense fort à vous, je suis avec vous ».
Je remonte et retrouve mes collègues d’infortune, je suis mal, brassé, je m’inquiète pour eux. Mes nouveaux amis me réconforte « Ca va aller, ils vont reprendre, t’inquiète… ».
Départ de Trient direction Vallorcines. J’arrive à 23H10. Les bénévoles ont fait un grand feu de camp, cool il fait un froid de canard. Je discute avec les autres suiveurs en buvant du café et on regarde dans la montagne les frontales illuminées la nuit et descendre le sinueux chemin. Une fois de plus l’émotion me submerge, j’aimerais y être, oui j’aimerais être dans cette montagne avec eux.

00H14 ils ont passé Catogne en position 301. Ouff merci les sms, me voici rassuré, ils ont repris la pèche et ont même regagné des places.
D’après leur tableau ils ont prévu d’arriver à Vallorcines à 01H20. A 01H00 je m’arme de ma frontale et décide de monter à leur rencontre. Flute elle marche plus, je m’énerve sous un lampadaire, un bénévole me conseille de changer simplement les piles. J’essaye, ça marche !! Suis fatigué moi !! Je commence à monter dans le chemin.
Aie aïe aïe mais c’est que ça grimpe là ! Au bout de 5mn je reconnais une fois de plus les voix, oui ce sont eux et ils courent comme des cabris.
« Coucou les amis ». Aller je leur emboite le pas et cours avec eux, toujours chargé comme une mule. Corine devant, moi puis Olive qui ferme la marche. A un moment je me tords la cheville, « Fait attention de ne pas tomber » me dit Olive. Le comble… Ce sont eux qui courent depuis plus de 30H00 et c’est moi qui me tords les chevilles.
On file au ravito. Pause formule un, ils remplissent les Camel-Bags et repartent. Je les accompagne sur ce tout petit chemin dans les bois, mon gros sac passé sur le devant, je leur donne ce qu’ils me demandent tout en marchant.
Je sais exactement dans quelle poche de mon sac se trouve quel produit.
Corine me demande les tubes d’homéopathie, bon sang mais où sont-ils ?? Je ne les trouve pas. Elle « m’engueule » un peu, elle m’avait demandé a Trient de bien les préparer pour le prochain ravito, j’enrage, merde de merde où les ai-je mis ?
Tans pis on laisse tomber et au bout d’un moment je les laisse filer de nouveau et commence à rebrousser chemin.
D’un coup un éclair, ça y est je me souviens !! Je les ai rangés dans le petit sac !! Vite je les retrouve et fait demi tour. Je me mets à courir dans ce petit chemin de sous bois, ne sentant plus le poids des sacs à force de les porter, je double un trailer qui a dû se demander d’où je sortais avec tout mon barda et reviens à leur hauteur.
Je les appelle, Corine se retourne, je lui donne les tubes « Mais tu es fou voyons ! » oui je suis fou mais surtout j’étais piqué dans mon orgueil d’avoir failli à ma tache d’assistance, je les laisse, pour de bon cette fois ci, et repart direction Vallorcine en marchant, heureux du « devoir accomplit ».

A Vallorcine j’ai rencontré un couple dont le frère est juste derrière Corine et Olivier, ils sont en voiture et sont d’accord pour m’emmener au col des Montets.
Je n’ai rien dit à mes trailers, pour leur faire la surprise.
Je retrouve donc ce couple, on file au col, on se gare et on commence à descendre.
Même pas cinq minutes après on retrouve déjà Olive et Coco, je laisse le couple et les accompagne jusqu’à la fin de la route goudronnée. Ils sont étonnés de me voir là mais content ! Cette fois-ci c’est le dernier au revoir, on se retrouvera à Chamonix, « Allez courage, il faut affronter cette grosse bosse, je suis fier de vous, accrochez vous… »

Je les laisse donc, retrouve le couple et leur frère, je les accompagne également et nous reprenons la voiture, direction Chamonix.
On se gare juste avant l’arche, il est 02H30 du matin ce dimanche 30 août, on applaudit quelques finishers et ils décident d’aller dormir dans leur voiture.
Je rejoins alors le gymnase pour me poser un instant. Un peu de négociation à l’entrée et on me laisse accéder, cette fois-ci le gymnase est bien remplit de tous les finishers mais aussi des abandons.
Je m’allonge, je prévois l’arrivée pour 06H00, je règle l’alarme de mon portable à 05H00, 05H15, 05H30, pas question que je me loupe.

03H38 je reçois un sms, ils ont passé la Tête aux Vents, en position 276 ! Mon dieu ils vont vite. J’ai dormis à peine une heure, le stress revient, mais à quelle heure vont il arriver ? Je vais voir les bénévoles à l’entrée.
L’un d’eux a fait l’UTMB l’an dernier il me dit qu’ils en ont encore pour deux bonne heures. Je retourne m’allonger mais impossible de fermer les yeux.

04H26 ils passent la Flègère en position 272, je regarde encore et encore ce tableau qu’ils m’ont donné avec les estimations horaires des passages aux points de contrôle.
Cette feuille, ainsi que le tableau des horaires de bus, auront été dans mes mains durant tout ce weekend, je les ai lus, relus et re-relus. Je me fais mon estimation, ils seront là avant 6h00.
A 05H00 je ne tiens plus, je remets mes chaussures, mes sacs sur le dos et je parts pour le centre ville de Cham.

C’est très calme, quelques personnes dans les rues qui attendent des coureurs, je me poste à un endroit et j’attends.
Il fait froid alors je remonte, je marche à leur rencontre. Je finis par me poser à 500m avant l’arrivée, je discute avec une dame de 70 ans qui a passé par deux fois son brevet d’alpinisme il y a des années. Elle est rigolote cette dame, là, dans les rues à 05H30 du mat à applaudir les coureurs et à un moment, oui… je les reconnais… ce sont eux !
Je cours avec eux ces derniers mètres qui les séparent de l’arrivée.
La fin à été très dure, surtout cette horrible descente entre la Flégère et Cham qui a énervé Corine et lui a « gâché » sa fin de course mais voila l’arche qui se profile, on la passe tous les trois, un photographe est là, je m’écarte, je n’ai pas à être sur la photo.
Madame Poletti est là et les accueille chaleureusement comme elle sait si bien le faire, moi je passe sur le coté et je les attends.
Passage au stand finisher et on se pose au ravito, les corps et les visages sont très marqués mais bon sang je ne cesse de leur répéter « Vous l’avez fait, c’est énorme, vous l’avez fait ».
Arrivée à 05H48 cela fait donc 35H18mn de course, mieux que ce qu’ils auraient pu imaginer faire… Voila, ils sont arrivés et bien arrivés, en position 270, bravo !!
Mais la journée n’est pas encore finit, la fatigue leur tombe sur les épaules, je parts alors en courant jusqu’au parking du Grepon chercher la voiture et les conduire au gymnase.
Là ce sera douche, changement de vêtements et petit déjeuner dans l’école à coté. Après nous prendrons le temps de regagner la ligne d’arrivée pour saluer les finishers.
La journée se continue tranquillement sur Cham, sur que ce soir je n’aurais pas besoin de berceuse pour m’endormir !

Voila donc, ce weekend vu de l’autre coté de la barrière, que d’émotion, que d’intensité.
Je tenais à faire ce témoignage aussi pour tous ceux qui comme moi ont accompagné et on vécu ces moments de doutes et de peurs pour leur proche et je tiens surtout à saluer haut et forts tous ces magnifiques coureurs qui ont été au bout de leurs forces, qui ont tout donné pour franchir cette ligne et terminé leur UTMB. A vous tous je dis chapeaux bas Messieurs, Dames et bravo en espérant un jour pouvoir vivre cette unique aventure, comme vous, de l’autre coté.


Stève…